GENERALITES

– – – – – – – – – – – – Présentation et résumé

– – – – – – – – – – – – Pertinence de la recherche

– – – – – – – – – – – – Témoignages académiques

– – – – – – – – – – – – Table des matières détaillée

– – – – – – – – – – – – Fichier PDF de la recherche


RECHERCHE

– – – – – – – – – – – – Introduction et interrogations

– – – – – – – – – – – – Cadre théorico-méthodologique

– – – – – – – – – – – – Terrain : les récits de voyageurs

– – – – – – – – – – – – Interprétation et analyse des récits

– – – – – – – – – – – – Conclusion / Appendices / Biblio.


DIVERS

– – – – – – – – – – – – Travaux de recherche 2008-2009

– – – – – – – – – – – – Bricolage de pensées 2008-2010

– – – – – – – – – – – – Citations : sources d’inspiration

– – – – – – – – – – – – Quelques photos de voyageurs



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Portraits de voyageurs (T. Todorov)



Selon le philosophe Tzvetan Todorov 
(Nous et les autres, 1989).

Tous ont pour caractéristique 
commune d'entrer en interaction 
avec l'autre.


1) L'assimilateur : Universaliste (un ethnocentriste à peine déguisé), il veut modifier les autres pour les ramener à lui, pour qu'ils lui ressemblent. En d'autres termes, dans un esprit de conquête, selon un modèle d'intégration et de négation, il veut convertir les autres à sa propre idéologie. (exemple : la figure du missionnaire chrétien).

2) Le profiteur : Il utilise les autres pour son profit ; il les exploite pour valoriser une identité plus forte, plus riche. Il s'adapte bien à tous les contextes ; il ne s'intéresse aux autres que dans la mesure où il peut en tirer profit et ainsi jouir de certains privilèges. (exemples : l'homme d'affaire, l'entrepreneur, le commerçant).

3) Le touriste : Visiteur trop pressé qu'il est pour s'impliquer, il privilégie l'image au langage, les monuments aux êtres humains, l'inanimé à l'animé. Il cherche à accumuler des images, il collectionne les cartes postales. Il ne remet jamais en question son identité. Par contre, il influence, à son insu, les habitants autochtones, poussant ces derniers à valoriser le « typique », à vendre des objets de souvenir. Ainsi, paradoxalement, la recherche effrénée de couleur locale conduit à l'homogénéisation.

4) L'impressionniste : Touriste moins pressé que le vacancier, il élargit son horizon aux êtres humains ; il fait une esquisse de ses impressions qui, avec l'étrangeté, laisse une certaine ouverture de sens. Il cherche à l'étranger des sensations fortes : sons, goûts, images insolites, rencontres érotiques, etc. Toutefois, il reste seul sujet de cette expérience ; l'autre n'intervient que dans un projet qui est propre au voyageur impressionniste.

5) L'assimilé : Il ne fait que le voyage aller-simple : il veut ressembler aux autres et être accepté par eux ; il devient « comme » l'autre et cesse d'être soi. Il change d'ethnocentrisme en prenant celui du pays d'accueil. Une variante particulière de cette attitude est caractérisée par l'expert d'un pays étranger, dont l'assimilation ne concerne que la seule vie professionnelle. (exemples : immigrant, ethnologue).

6) L'exote : Il cherche l'étrangeté et les différences pour sortir et s'évader de son univers familier (vie quotidienne, habitudes, conventions). Il trouve son équilibre (un équilibre instable) entre identification et distanciation, entre familiarité et surprise. L'alternance qu'il cultive crée un espace intermédiaire, l'exotisme, où il y a possibilité de témoigner de la vérité de l'autre.

7) L'exilé : Migrant et exote, il évite l'assimilation et se situe en dehors. Il interprète sa vie à l'étranger comme expérience de non-appartenance à son milieu et la chérit pour cette même raison. Pour Descartes, qui s'est exilé en Hollande, être étranger équivaut à être libre ; cette position est selon lui celle qui convient le mieux à l'accomplissement de la tâche philosophique et scientifique qu'il s'est fixé.

8) L'allégoriste : Il prête à l'étranger les traits qui lui appartiennent ; il parle de lui à travers l'autre. En d'autres mots, l'image de l'autre ne vient pas de l'observation mais de l'inversion des traits qu'il trouve chez lui. Ainsi, l'allégoriste parle d'un peuple étranger pour débattre d'autre chose que de ce peuple. Que l'allégorie soit positive ou négative, les autres demeurent soumis aux besoins de l'auteur.

9) Le désabusé : Il y a celui qui, casanier, ne quitte jamais son chez soi et ne le regrette pas ; ou celui qui, à la fin de son voyage, découvre qu'il n'était pas nécessaire de voyager pour trouver la vérité personnelle. Ce dernier renie son voyage et se contente de ce qu'il a en lui ; autrement dit, il renonce au voyage du dehors - qui lui semble devenir superflu - et se consacre au voyage du dedans - à la quête intérieure. Par ailleurs, la raison de ce renoncement au voyage tient au fait que l'interaction avec les autres peut aller plus loin quand ces autres vous sont familiers.

10) Le philosophe : Apprenti universaliste, il observe avec attention les différences des autres pour découvrir les ressemblances humaines et apprendre sur la diversité humaine. Puisque c'est en explorant le monde qu'on va le plus au fond de soi, alors il se frotte à l'autre pour se comprendre lui-même. À la fois humble et orgueilleux, il apprend des autres mais également porte sur eux des jugements - tout en leur laissant le soin d'agir.